Fais attention

Victoire J. Weasley | Maggie A. Wight

Mes lèvres bougèrent au rythme où je lisais ma phrase sur mon livre d'Etude des Moldus. Il était 13h05, j'étais affalée dans un fauteuil de ma Salle Commune et je n'avais toujours pas mangé mais je tenais à relire mon cours avant. De plus, ce n'est pas comme si manger m'étais nécessaire, ce n'était pas une question de vie ou de mort. Parfois, je me demandais même pourquoi je m'enquiquinais à monter dans la Grande Salle mais c'était agréable de sentir toutes ses saveurs sur mon palet, comme si je gouttais à une nouvelle recette, tous mes sens étaient amplifiés y compris le goût. Et puis manger m'aidais à maintenir ma soif et à faire comme tous les autres. Danny me le répétait sans cesse dans ses lettres : "Fais comme tout le monde et personne ne se doutera de rien", et bien pour une fois, j'obéissais.

Je refermais mon livre dans un claquement quand j'eus fini de lire mon paragraphe. Il était 13h15, quand je décidais d'aller enfin manger avant de retourner en cours. Je me levais et passai mon sac sur mon épaule avant de quitter la salle commune. J'avais toujours mon livre dans les mains lorsque je montais les escaliers qui me mèneraient au rez-de-chaussée et donc à la Grande Salle. Plus j'approchais de la salle à manger plus j'entendais les étudiants se dépêcher de terminer leur assiette pour aller récupérer leurs affaires et se rendre en classe. Surtout les Gryffondor qui n'avaient pas leur Salle Commune juste à côté de la Grande Salle et tiens en parlant des lions... J'avais refixé mon livre, l'ouvrant à la page du chapitre que nous allions étudier aujourd'hui et a peine entrer dans la salle que je sentis quelqu'un se cogner contre le coin du livre. Très douée, n'est-ce pas ? Je jetais un coup d'oeil à la personne en question m’apprêtant à m'excuser au moment où je sentis une odeur exquise. Je n'avais jamais senti ça auparavant, mes yeux se firent plus foncer sans être noir et les fixèrent sur la jeune fille qui s'était cognée contre le livre.

"Hey!"

Je ne répondis pas. Mes yeux firent des aller et retour entre sa gorge et son regard plein de colère. On voyait l'endroit où le livre l'avait heurté. Sa peau était rouge, rouge comme le sang. Je serrai les dents, incapable de penser. J'entendais son cœur pompé le sang, en entendant cette douce mélodie, je passais ma langue sur mes lèvres sans m'en rendre compte. Cette fille, je ne la connaissais pas, je ne savais rien sur elle, j'étais trop absorbée par son cou pour remarquer son blason de Gryffondor cousu sur sa robe. Tout ce que je savais c'était qu'elle sentait atrocement bon.

Je ne pensais plus à rien d'autre que son sang qui coulait dans ses veines, heureusement qu'il y avait du monde autour de nous sinon, j'aurais pu faire quelque chose de regrettable. La jeune inconnue me ramena au moment présent en parlant avec colère.

"Ça va, tranquille! Pousse-moi par terre tant que t'y es!"

Je la regardai dans les yeux avant de reculer d'un pas et de cesser de respirer.

• Ça va désoler ! Il y a pas mort d'homme non plus.
  

J'avais parlé d'un ton sec. Ce n'était pas dans mon intention, ni dans mes habitudes, de me montrer froide envers une inconnue mais son odeur me faisait tourner la tête et si je ne mettais pas au plus vite, le plus de distance entre elle et moi, je ne sais pas se qui pourrait advenir de la petite rousse. Je fis un autre pas en arrière prête à m'en aller.

Fais attention

Victoire J. Weasley | Maggie A. Wight

Je m’apprêtais à tourner les talons pour rejoindre la table des Poufsouffle mais apparemment l'inconnue n'allait pas me laisser m'en tirer aussi facilement. Je poussais un profond soupir avant de me tourner vers la rouquine, le regard agacé. Grosse erreur ! J'avais respiré. Je sentais de nouveau cette odeur exquise qui me brûlait la gorge. Mon instinct me forçait à me nourrir pour apaiser cette brûlure mais je repensais aux conseils que m'avais fourni Danny dans la lettre de la semaine dernière. Je fermais les yeux essayant de me concentrer sur un autre de mes sens, autre que l'odorat. Il y avait encore pas mal d'élèves qui finissaient de manger, je décidais alors de me concentrer sur le bruit des cliquetis des fourchettes et au son de leur voix. L'ouïe, je me reposais beaucoup sur ce sens que ce soit pour chasser ou me calmer. Et ça marche... enfin vite fait. L'odeur était encore très vive à croire que l'inconnue c'était blessée quelque part. C'était peut-être le cas. Je rouvris les yeux, ces petites pensées n'avaient duré que le temps d'un battement de cils. C'était surement ça. La rouquine s'était blessée quelque part. Je la détaillais de haut en bas essaya de percevoir l'endroit où pourrait se trouver la blessure. Mais tout en elle, sentait bon.

Je détournais donc les yeux de la fille les tournant sur les plats qui s’étalaient sur la table à ma droite. À ces paroles, je ne put m'empêcher de pousser un petit rire sarcastique. Ma mort ? Il va falloir qu'elle attende un peu pour cela. Par contre, tuer. Si son odeur continuait à m’obséder comme ça, faire un meurtre n'allait pas être si long que ça. Seulement, avant de partir pour Poudlard, j'avais promis à Danny de ne rien faire qui puisse mettre quelqu'un en danger ou mettre quelqu'un sur la piste de mon secret. Surtout qu'il n'y avait aucune raison que les autres l’apprennent puisque j'avais mon bracelet pour me protéger du soleil.

• Si tu veux de vraie excuse va falloir attendre ma mort. T'avais qu'à regarder devant toi.
  

Moi ? M'excuser ? Je ne m'étais pas excusé d'avoir traité Carlie de voleuse, alors que j'étais coupable, donc pourquoi je le ferrais pour quelque chose dont je n'étais pas responsable ? N'importe quoi. Non, je n'étais pas vraiment disposé à m'excuser surtout que j'avais plus important à penser. Comme le fait d'essayer de ne pas enfoncer mes canines dans sa carotide.